[2 avril 2020] En période de confinement, peut-on réduire l’éclairage public dans nos communes ? Le Siéml apporte quelques éléments de réponse à l’ANPCEN.
Lettre ouverte à l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN)
L’ANPCEN nous a saisi récemment afin que nous incitions les communes à réduire, voire à supprimer l’éclairage public en cette période de confinement.
Les avantages seraient multiples et nous les comprenons bien : diminution des consommations électriques, limitation des nuisances lumineuses, dissuasion accrue des habitants de toute sortie nocturne, …
Voici la réponse que nous leur avons accordée.
Nous avons reçu la semaine dernière trois demandes seulement de communes souhaitant procéder à l’extinction de l’éclairage public en cette situation inédite de confinement généralisé. Nos techniciens, tous placés en situation de télétravail, ont apporté dans un premier temps une réponse un peu rapide selon laquelle il n’était pas possible de satisfaire leur demande, compte tenu de l’indisponibilité des entreprises de maintenance. En deuxième analyse, nous leur avons répondu que, très sensibles à leur demande, nous étudions la possibilité en lien avec ces entreprises, d’assouplir le plan de continuité des activités de telle sorte à élargir le domaine des astreintes aux interventions de réglage des armoires d’éclairage public, mais que l’issue était très incertaine compte tenu des nombreuses contraintes qui pèsent sur l’organisation du travail du fait de la crise épidémiologique.
Vous devez savoir que les équipes d’astreinte des entreprises de maintenance sont réduites à leur plus simple expression (un seul technicien pour tout le département en ce moment) et doivent absolument conserver des marges de manœuvre afin de faire face aux urgences. Nous pourrions éventuellement leur demander d’intervenir sur quelques communes isolées mais quelle serait alors la réaction des autres communes qui n’ont pas pour l’instant pris d’initiative pour réduire l’éclairage public et comment pourrions-nous faire face à une augmentation éventuelle des demandes ?
Une solution serait de revoir les effectifs mobilisés par les entreprises pour gérer un panel élargi d’interventions mais ces mêmes entreprises s’y refusent absolument, tant que le Gouvernement et les organisations professionnelles n’ont pas publié le protocole qui définira les moyens à mettre en œuvre pour assurer la sécurité des salariés. Ce protocole nous avait été promis pour mercredi dernier mais il tarde à sortir. On comprend bien l’embarras des rédacteurs alors qu’aucune entreprise ne parvient à se procurer ni masque, ni gel hydroalcoolique…
La situation devrait évoluer toutefois dans le bon sens dans les jours qui viennent, du moins je l’espère ! A ce moment-là, nous réexaminerons la situation mais ce que je crains, c’est que nous soyons alors tellement avancés dans le calendrier de la période de confinement que le bilan coûts-avantages de l’extinction des feux soit alors très clairement déséquilibré (il l’est déjà sur le strict plan économique). Gardez en mémoire le fait que chaque armoire nécessite pour l’instant le déplacement d’un technicien.
Une autre solution aurait consisté à permettre exceptionnellement aux communes d’intervenir directement sur leurs armoires mais nous ne pouvons-nous y résoudre… Comment en effet prendre la décision d’ajouter au risque sanitaire un risque électrique en l’absence de garanties sur les compétences techniques des agents municipaux, sans compter le risque de détérioration des horloges d’armoire ?
La seule solution pour l’heure est de laisser un peu de temps au temps afin de nous permettre de réorganiser le management de crise, mais j’ai conscience qu’en disant cela, nous allons frustrer les communes qui souhaite agir sans délai…
Nous ne manquerons pas de vous tenir informé de l’évolution de notre capacité d’intervention. Par ailleurs, vous pouvez compter sur la volonté du Siéml, à moyen terme, d’accélérer la modernisation du réseau d’éclairage public au travers notamment du déploiement de solutions de télégestion des armoires de commande d’éclairage public. Ces nouveaux outils nous permettrons une plus grande souplesse et une plus grande réactivité dans la gestion du réseau d’éclairage public, en cas de crise mais aussi afin de mieux prendre en compte les exigences environnementales.
Je suis certain que vous appréhendez parfaitement le caractère tout à fait exceptionnel de la crise sanitaire que nous vivons actuellement. Cette crise sans précédent et imprévisible nous plonge clairement dans un mode de fonctionnement dégradé qui contraint malheureusement très sensiblement la liberté d’action de chacun d’entre nous, y compris sur le plan professionnel. Nous devons tous l’accepter et faire en sorte de traverser au plus vite cette parenthèse pour trouver le chemin de la résilience. Soyez persuadé que je mettrai tout en œuvre, dans le cadre de mes responsabilités au Siéml, pour accélérer après la crise un certain nombre d’investissements vertueux en faveur de l’éclairage public.
Emmanuel CHARIL, directeur général des services.